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Qui es-tu Fritz Haber ?

En 1915, au soir de la première utilisation de gaz chlorés, une violente dispute éclate entre les deux conjoints Fritz et Clara Haber, tous les deux juifs, chimistes et allemands...

Année de création

2013

Tout public

Durée 

1h10

Auteur

Mise en scène 

Distribution

Équipe technique 

Décors : Caroline Mexme

Costumes : Rick Dijkman

Lumières : Stéphane Baquet

Créateur Musique : Régis Delbroucq

Résumé

En 1915, au soir de la 1ère utilisation de gaz chlorés, une violente dispute éclate entre Fritz et Clara Haber ; les deux conjoints sont tous les deux juifs, chimistes et allemands.. Cet échange met en lumière leurs multiples désaccord sur la religion, la science, et la vie, jusqu’à la tragédie…

 

Ce dialogue imaginé par l’auteur entre les deux personnages qui ont réellement existé il y a 100 ans, pose en filigrane des questions toujours d’actualité :

Peut-on faire de la science une religion ? La science remet elle en cause l’idée même de dieu ? Qu’est-ce que la vérité scientifique ? Un scientifique peut-il s’affranchir de toute considération morale ? Le progrès scientifique est-il toujours un progrès pour l’humanité ?…

Note de l'auteur

Il y a 5 ans de cela, à la cité de l’espace de Toulouse, j’écoutais M. Axel Kahn, qui parlait des avancées scientifiques et plus généralement des bienfaits de la science. Il terminait cependant son exposé par une exhortation : « N’oublions pas, Fritz Haber ! » J’avoue que j’entendais alors ce nom pour la première fois.

 

Axel Kahn poursuivait et en quelques minutes faisait un résumé de l’histoire vraie et terriblement tragique d’un couple de scientifiques, Fritz et Clara Haber, juifs, chimistes et Allemands, qui, un soir d’avril 1915, soir de la première utilisation des gaz de combat, arme conçue par Fritz Haber, allaient s’opposer violemment l’un à l’autre sur ce que doit être la science et les buts qu’elle doit atteindre. Tout les oppose.

 

Lui, Fritz Haber, immense scientifique, il sera prix Nobel de chimie en 1918 pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac et la production des engrais. Il est hautain, sûr de lui, sûr de sa science, sûr que grâce à lui, à cette arme nouvelle, le gaz de combat qu’il vient de concevoir, l’Allemagne, son pays, sa patrie, va enfin le reconnaître comme un de ses fils les plus valeureux. Il a changé son prénom de Jacob en Fritz, s’est fait baptiser dans le culte protestant, pour échapper à une judaïté, qui l’entrave dans sa carrière universitaire, dans un pays, dans une Europe, où l’antisémitisme règne.

 

Elle, Clara Haber, Clara Immerwhar, chimiste brillante, est plus fragile, plus prudente, elle s’interroge. Elle est convaincue qu’un scientifique, ne peut pas ignorer les conséquences de ses recherches, et se doit de toujours les orienter au bénéfice exclusif de l’humanité.

 

Immédiatement, en entendant le résumé de cette tragique histoire, je savais que je tenais là la dramaturgie d’une pièce de théâtre. Celle d’un couple que tout oppose, leur vision de la science, celle de leur vie, celle de leur couple qui ne peut résister à autant de différences affichées. Je me suis mis rapidement à la recherche de documents, et de lectures. Tous les faits relatés dans la pièce sont exacts. En tout, cela m’a pris 3 ans de recherche et d’écriture. J’ai eu l’honneur au final, de voir mon texte préfacé par M. Axel Kahn. Revenons à Fritz et Clara. Il n’a jamais été question pour moi de manichéisme. Il n’y a pas le méchant Fritz et la gentille Clara. Non. Chaque protagoniste a raison, et c’est bien ça qui nous dérange, ou pour le moins qui nous interpelle. Oui, chaque découverte scientifique a son revers. Faut-il pour autant refuser tout progrès scientifique ? Mais, à bien y regarder, est-ce vraiment un progrès, ou simplement une progression de la technique ? Au final, ce progrès, rend-il l’homme plus heureux ? Heidegger disait « La science ne pense pas ». La morale peut-elle alors, s’appliquer à la science ? Et dieu, dans tout ceci, où le plaçons-nous ? Pasteur n’affirmait-il pas « Un peu de science nous éloigne de Dieu, beaucoup en rapproche ». De nos jours, la science, pour paraphraser Rabelais, se pratique-t-elle toujours après un examen de conscience ? Le XXIe siècle connaitra-t-il son Fritz Haber ? Après ce siècle de révolutions scientifiques et technologiques, sommes-nous plus heureux ? Ce sont ces interrogations, entre autres, que j’ai voulu mettre en exergue dans le débat acharné que se livrent Fritz et Clara sur le tissu de leur couple qui va se déchirer de tous côtés. Et puis, je tenais aussi à écrire sous forme d’épilogue, la suite du destin tragique des inventions de Fritz Haber. Une fois que l’on connaît cette histoire, comment faire pour qu’elle soit connue par le plus grand nombre ? Comment faire vivre l’intensité de cette soirée d’avril 1915 ? Une réponse évidente s’imposait à moi : une pièce de théâtre.

 

Mon écriture a été dirigée par deux souhaits : que le spectateur qui entre dans l’intimité de ce couple s’interroge sur les idées échangées, mais se sente aussi, pris d’émotion par le drame humain qui se joue devant lui. Ce débat met aussi en lumière la condition de la femme, au début du siècle dernier. En effet, bien que Clara soit une brillante chimiste, première femme juive diplômée d’une université allemande - fait unique à l’époque - elle ne sera admise à vivre que dans l’ombre de son mari qui la relèguera bien vite à l’éducation de leur fils Herman, et aux tâches domestiques d’entretien d’une maison. Admirable de courage, elle défendra ses convictions jusqu’au bout d’elle-même…

 

Claude Cohen

Note du metteur en scène

Après 380 représentations de notre spectacle « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » de Musset, avec Isabelle Andréani, nous cherchions une pièce à deux personnages pour poursuivre notre duo théâtral qui nous est cher !

Une pièce à deux, c’est un coup de coeur, c’est un volcan qui jaillit et qui devient une évidence, c’est la résonance d’une envie partagée. Nous cherchions donc ce texte qui nous illuminerait tous les deux…

« Il faut connaître beaucoup de chenilles pour espérer voir un jour un papillon » disait Jean Rostand, et effectivement ce jour est venu, par l’intermédiaire d’Eric Boivron, qui à la fin d’une représentation de « l’Échange » me parle de la pièce de Claude Cohen « Qui es-tu Fritz Haber ? ».

J’aime dans une pièce qu’il y ait une histoire, un propos et une dramaturgie. « Qui es-tu Fritz Haber ? » comble ce voeu. L’histoire de Fritz Haber et Clara Immerwarh-Haber, je ne la connaissais pas, cette pièce me l’a fait découvrir ; le dialogue entre ces deux personnages est passionnant et nous renvoie à nos propres interrogations sur le sens de la science et le sens de la vie ; les personnages sont pris dans leur paradoxe entre ambition et passion ; enfin la déchéance de ce couple qui s’est aimé et qui ne s’aime plus, donne à cette confrontation toute sa chair et son humanité propre à une belle théâtralité. Avec Isabelle Andréani, nous aimons les textes où les personnages s’affrontent, argumentent, résistent et craquent.

La pièce de Claude Cohen nous offre cette partition rêvée. C’est un théâtre qui claque et réveille nos consciences.

 Xavier Lemaire

Distribution

Représentations

2017

Représentations au Studio Hébertot à Paris du 23 novembre 2016 au 08 janvier 2017

Presse

« Un affrontement passionnant, de l’excellent théâtre. »

Le Figaro

27/11/2013

Armelle Héliot

« Xavier Lemaire et Isabelle Andréani font brillamment œuvre d’utilité publique »
Le Journal Du Dimanche
26/07/2013
François Josse
Le Quotidien du Médecin 05/12/2013
Armelle Héliot
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